Page 74 - Galerie Dreyfus Basel - Tableaux de Maitres
P. 74
HUBERT ROBERT
Le Parc à Ermenonville
vers 1780
Huile sur toile signée en bas à droite.
91 x 71 cm.
Certifcat de René Millet Expertise.
Le sujet du tableau nest pas tant ici le parc que les ruines quil contient.
Monumental, un sarcophage de pierre est érigé sur un piédestal au pied duquel gisent
des fragments de reliefs, le tambour dune colonne et même une tête sculptée. Les
personnages à proximité nous donnent léchelle de ces ruines. Une fllette, de la taille de
la fgure en bas-relief quelle désigne, en semble le double vivant. Elle montre ce décor
à deux femmes qui tentent de la dissuader de sen approcher. A leurs côtés, un bambin
cherche à échapper aux jappements du chien qui les accompagne. Enfn, parmi les ruines,
un jeune homme allongé observe la scène. On est ici en visite sur cette île au milieu du
parc. On aperçoit létang qui lentoure puis, en arrière-plan, une prairie arborée qui
sétend jusquà des collines diaphanes à lhorizon. La palette colorée est claire, minérale,
avec une dominante de beiges pour les ruines mais aussi dans le terre-plein du premier
plan. Larbre sur lequel se détache le tombeau est dun ocre soutenu, unique dans sa
couleur comme pour souligner le caractère exceptionnel du tombeau auprès duquel il
a poussé. Car cest ici le tombeau de Jean-Jacques Rousseau, disparu deux ans plus tôt,
dont il sagit, dessiné par Hubert Robert, dans un style à lantique. Le peintre se livre
donc ici à une mise en abyme de son uvre, peignant le parc dErmenonville dont il a
dessiné le tracé et le cénotaphe du philosophe quil a conçu.
Hubert Robert (1733-1808) est un peintre paysagiste français. Destiné à une
carrière ecclésiastique, il développe de tels talents pour le dessin quil obtient détudier
auprès de Slodtz. En 1754, il part pour Rome accompagnant lambassadeur de France où il
reste onze ans. Cest alors la découverte de lAntiquité, des ruines de Rome et de Pompéi.
Il rencontre Piranèse dont les peintures darchitectures imaginaires limpressionnent et
Pannini qui invente le genre des caprices architecturaux, regroupant des monuments
sur une même toile, dont Robert sinspirera. De retour à Paris, il est reçu à lAcadémie
en 1766 avec un tableau de ruines. Peintre apprécié du roi pour lequel il exécute Les
Principaux Monuments de France mettant en valeur le patrimoine antique français, il
reçoit diférentes charges dont celles de dessinateur des jardins du roi et de garde des
tableaux du Roi. Il participe à la commission du futur Museum élaborant des projets
pour son installation dans la grande galerie du Louvre. Il collabore à la création du parc
dErmenonville, premier jardin anglais en France, et à ce titre, Le parc à Ermenonville
en constitue un précieux témoignage. On retrouve dans La Fontaine, au Louvre, une
composition similaire, bien que plus dépouillée, avec cet arbre incliné au premier plan.
74