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EUGÈNE BOUDIN




Eugène Boudin (1824-1898), est un peintre paysagiste majeur du XIXe siècle. Sil
est considéré comme lun des précurseurs de limpressionnisme, faisant fgure davant-
garde en plantant son chevalet en extérieur pour peindre « daprès nature », il sinscrit
aussi dans la grande tradition de peintres de paysages. Ces tableaux témoignent des
leçons retenues de ses ainés quil a beaucoup copié au Louvre. Le sujet comme son
traitement appartient à un courant naturaliste, où les peintres choisissent de représenter
les travaux journaliers de gens modestes, dans un souci à la fois de réalisme et de
pittoresque. Lattitude des Laveuses nest pas sans évoquer Les Glaneuses ou la Cribleuse de
blé de Millet dont Boudin était proche. Né à Honfeur, dun père marin, Eugène Boudin
est profondément marqué par les paysages côtiers dans lequel il évolue. Il est très tôt
attiré par la peinture de paysages. Encouragé par Millet, il se lance alors dans le dessin
puis vient étudier la peinture à Paris dans latelier dIsabey. Fréquentant assidument le
Louvre, il vit des copies des grands maitres quil vend aux amateurs. De retour chaque
été en Normandie, il soriente vers des peintures de marines et travaille à rendre les efets
atmosphériques que lui ofrent les paysages de bord de mer.

Cest ainsi quil décide de sortir de son atelier pour peindre directement en
extérieur, et ce bien avant les Impressionnistes quil va infuencer fortement. En 1859,
il expose sa première toile au Salon où il se fait remarquer notamment par Baudelaire.
Il rencontre Courbet, Jongkind puis Monet quil va initier à la peinture en plein-air.
Gagnant en notoriété, il se consacre à des sujets plus mondains accompagnant la naissance
des premières stations balnéaires, Deauville, Trouville mais aussi Juan-les-Pins. En 1874,
il participe au participe à la première exposition impressionniste chez Nadar. Au-delà
des scènes de la vie quotidienne, croquées avec vivacité voire pittoresque, ses paysages
sorganisent avec précision selon les lois de la perspective et selon un cadrage infuencé par
la photographie naissante. Les personnages, secondaires voire anecdotiques, sinscrivent
dans un espace perspectif où le regard est invité à parcourir de vastes étendues. Mais
cest dabord son traitement de la lumière qui lui vaudra la reconnaissance de ses pairs
notamment pour ses ciels, dont Juan-les-Pins donne ici un bel aperçu. Corot, son aîné
lui attribue le titre élogieux de « roi des cieux » quand Baudelaire lui décerne celui de «
peintre des beautés météorologiques ».


















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